(An English version is coming… later !)
Pour ce premier article de janvier, je vous souhaite à tous une excellente année 2015, pleine de jeux et de voyages… ou juste de bonheur ! De mon côté, beaucoup de choses sont prévues cette année sur le projet Ludi Vojago, loin d’être terminé bien au contraire.
Mais j’aurais bien l’occasion d’y revenir plus tard. Pour le moment, je vous propose plutôt de revenir sur les différentes expériences des mois passés. Aujourd’hui, faisons un petit détour par la Slovaquie.
Oui, mais où en Slovaquie ?
A Lučenec.
Vous voilà bien avancés n’est-ce pas ? N’ayant aucune connaissance particulière concernant la Slovaquie, ce fut ma réaction lorsque l’on m’a proposé de passer dans cette ville. Alors, que peut-on dire sur Lučenec ?
– Selon Wikipédia : démographiquement, Lučenec compte environ 28000 habitants, ce qui en fait la 25ème ville du pays.
– Située tout près de la frontière sud de la Slovaquie, la ville a été annexée quelques années par la Hongrie. Pourtant, il n’y a à l’heure actuelle pas de connexion de bus à cause de certaines tensions frontalières.
– La ville ne comporte pas d’universités : on y naît, on en part pour étudier ailleurs (par exemple à la ville de Banska Bystrica non loin, ou encore à Košice voire tout simplement à Bratislava), parfois on revient.
Un environnement dans lequel je n’aurais jamais pensé passer, mais n’est-ce pas ce qui fait le charme d’un voyage ?
Pourquoi Lučenec ?
Pour la meilleure raison possible : partir à la rencontre d’une personne intéressée par mon atelier ! Grâce à la mise en relation de Thibaut Quintens (from Let’s play together), nous avons pu échanger par mail avec Geoffrey, belge, ludophile, scout et enseignant de langues à Lučenec. Intéressé par ma démarche, il m’a proposé de passer dans cette ville pour y donner deux ateliers, respectivement avec des lycéens et des scouts.
2 ateliers de 3h étaient donc prévus : l’un dans un cadre scolaire en remplacement d’un cours de langue avec des jeunes non initiés aux jeux, l’autre dans un cadre extra scolaire volontaire auprès d’adolescents déjà bien initiés au jeu par Geoffrey qui a organisé moult actions ludiques à Lučenec. Âges similaires, contraintes différentes !
Matin : 3h de cours pas comme les autres
L’atelier du matin a remplacé un cours d’anglais auprès de deux groupes d’adolescents slovaques mélangés pour l’occasion : un groupe de plutôt bon niveau et un groupe de niveau plus faible. L’occasion pour eux de pratiquer l’anglais différemment et l’occasion pour moi de pratiquer mon atelier dans un cadre linguistique un peu différent : je connais autant le slovaque qu’ils connaissent le français !
Un autre défi se présente : jusqu’à présent, je n’ai présenté mon atelier dans un cadre scolaire à des élèves de plus de 10 ans ! L’atelier allait-il marcher avec des adolescents, public aux attentes très différentes des enfants ? Un seul moyen de le savoir : essayer.
Première heure : présentation et jeu
Au début, il est important de clarifier les choses. Geoffrey, présent lors de la journée, a brièvement introduit le contenu de l’atelier avant de me passer la main. Une petite présentation pour lever la confusion ambiante et on est partis pour jouer ! Outre l’intérêt social évident du jeu, l’objectif est aussi de disposer d’une base de travail pour la suite de l’atelier.
Comme souvent, j’ai sorti Dobble et Zombie Dice. Les jeunes connaissaient déjà Dobble, ce que j’ai pu observer de nombreuses fois au cours du voyage – mais ne connaissaient pas Zombie Dice (ce qui est plutôt classique aussi…). On se répartit en deux groupes, Geoffrey anime Dobble, j’anime Zombie Dice, on joue un peu, on rigole on inverse les jeux, et soudain une heure est déjà passée. Hé oui, le temps passe vite quand on s’amuse.
La première pause sonne. Des élèves me demandent s’ils peuvent jouer à Zombie Dice pendant la pause. Je crois que cette première heure est un succès. Ouf !
Deuxième heure : analyse et nouvelles règles
La deuxième partie de l’atelier consiste à analyser les jeux puis inventer de nouvelles règles grâce aux Mécanicartes. Cette partie est naturellement plus ardue car sortant de la zone de confort des participants. Même quand on ne joue plus chez soi – quelles que soient les raisons ! -, on a une expérience de jeux passés, on sait ce qu’on va faire. Jouer a quelque chose de fondamentalement naturel, quelles que soient les obstacles sociaux qui soient opposés à l’acte du jeu. Mais décortiquer des jeux, en créer ? Même si on le fait toujours un peu inconsciemment, c’est une autre paire de manches de devoir le faire dans un cadre formel, surtout dans un contexte scolaire.
Cette partie a d’ailleurs été un peu plus laborieuse. Le groupe au niveau moindre a eu quelques soucis pour comprendre toutes les Mécanicartes en anglais et s’en servir pour analyser Dobble, à cause notamment de formulations un tantinet trop formel. Mais tout le monde a fini par s’en sortir, et les deux groupes ont présenté leurs trouvailles réciproques, provoquant quelques réactions et débats sur les cartes ambiguës.
Geoffrey et moi avons un peu assisté les groupes quant à la conception de nouvelles règles. Le défi est de permettre aux groupes d’exprimer leur créativité : il ne faut pas les étouffer, mais il ne faut pas les laisser sans idées non plus en cas de blocage. Un exercice d’équilibriste intéressant qui a visiblement porté ses fruits, car les groupes ont trouvé des variantes aux jeux.
Dobble + Bluff a donné la variante “on pose une carte en disant le mauvais symbole”. Zombie Dice + Cubes a engendré l’utilisation de petits cubes pour déclencher des “pouvoirs” de relance de dés. Pas mal, malgré le déroulement un peu laborieux !
Avant la pause de la deuxième heure, j’annonce la couleur : la troisième heure sera consacrée à la création d’un prototype à part entière avec une division en 3 groupes (mélangeant les niveaux). Conséquence : après la création des groupes, certains commençaient déjà à profiter de la pause pour regarder le matériel mis à disposition et discuter du jeu qu’ils allaient faire. Ça s’annonce bien…
Troisième heure : création d’un prototype
Et nous y voilà. Trois groupes de 3 à 5 jeunes, du matériel, 45mn et une distribution de cartes progressive. Au contraire des ateliers précédents, j’ai choisi de donner les cartes une par une avec 5mn d’intervalle entre chaque cartes. Cela permet ainsi aux groupes de se focaliser sur une carte dans un premier temps et d’intégrer les contraintes progressivement.
Et vous savez quoi ? Cette partie s’est bien mieux passée que la seconde partie. Pourtant, elle était moins cadrée : j’ai simplement donné quelques contraintes de temps (“vous avez 30mn” pour laisser du temps aux tests entre les groupes et “pensez prototype” pour permettre d’effectivement pouvoir créer quelque chose), et nous passions avec Geoffrey pour voir où en étaient les groupes. J’ai préféré ne pas passer trop de temps sur la théorie pour laisser un temps raisonnable (déjà limité) et à cause des potentiels soucis linguistiques.
Au final, les jeunes ont créé un jeu type “jeu de l’oie” avec des cases spéciales, un jeu de parcours en duel où un joueur doit empêcher un autre d’amorcer des roquettes en retenant des codes de détonation en un temps limité, et un autre jeu de l’oie à cases spéciales. Une thématique assez “parcours” donc. Les jeunes ont ensuite du tester les jeux d’un autre groupe, puis le cours s’est terminé. J’aurais bien aimé pouvoir revenir sur les jeux produits pour les analyser, mais j’ai manqué de temps…
Bilan
Au final, l’atelier a été vécu avec un certain enthousiasme par la plupart des jeunes, en particulier lors du jeu et de la création du prototype. Les trois heures découpées par les pauses étaient un peu courtes mais le timing a été respecté. Certains jeunes ont spontanément écrit les règles de leur jeu en anglais, ce qui ajoutait un exercice linguistique écrit aux échanges oraux avec Geoffrey et moi-même.
Bref, c’était plutôt bien…
Le prochain article portera sur la deuxième partie de la journée, avec les scouts cette fois !